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L'art abstrait

La prééminence d'une peinture privée de rapports avec la réalité extérieure des objets, et donc libérée de l'expérience visible, semble bien être l'inévitable aboutissement de l'art d'avant-garde du début du siècle. Toutes les recherches menées entre 1900 et 1915 ( à partir du symbolisme ) convergent dans ce sens, même si c'est parfois de façon confuse et inconsciente. L'expressionnisme, avec son intérêt pour les langages primitifs, sa recherche d'une simplification des formes de façon à accroître le pouvoir d'implication de l’œuvre, conduit à une notion du tableau comme un "champ de tension dynamiques", comme une structure complexe de forces et de conflits, et détourne la peinture de la "banale" adhésion aux phénomènes du monde extérieur. Le cubisme, lui, prépare le terrain avec une conception de l'espace véritablement révolutionnaire qui, tout en aspirant à une plus grande fidélité aux éléments perceptibles, finit par détruire la plus importante des habitudes formelles : la représentation en perspective. Même le fauvisme, qui semble célébrer la légèreté d'un monde heureux et insouciant, plonge le regard du spectateur dans une sorte de grande euphorie chromatique et tend à mettre en évidence la possibilité, pour l'art, d'un langage autonome, autosuffisant.
A ce propos, il convient de se souvenir du rôle important joué par Henri Matisse, porte-drapeau du mouvement des fauves.C'est lors de la "consécration" officielle du groupe, au Salon d'Automne de 1905, qu'il révèle le véritable but de sa peinture: à un critique qui lui reproche d'avoir mis trop de couleurs sur le visage d'une femme ( dans Femme au chapeau ) et se moque de son aspect à son avis risible, Matisse répond : "Monsieur, je ne crée pas une femme, je fais un tableau".
La couleur n'est pas, pour Matisse, objective, mais c'est un "sentiment", dont le peintre utilise la force expressive pour rendre plus solide son travail. Dans ses toiles de sa phase la plus intéressante ( L'Atelier rouge, La Fenêtre bleue, Porte-fenêtre à Collioure, Le rideau jaune et La Leçon de piano ), Matisse assume la réalité précisément comme un fantasme du tableau, c'est-à-dire comme si elle ne servait qu'à faire ressortir, par comparaison, la principale qualité du lang
age pictural.

L'art abstrait

L'art abstrait n'est pas un véritable mouvement : il se développe au même moment dans des régions d'Europe éloignées entre elles, et ses principaux représentants sont indépendants. Les premières œuvres dans lesquelles n'apparaît plus de contenu imitatif sont réalisées par Kandinsky à partir de 1910-1911. Il avait prédit que l'art à venir serait "abstrait". Or, une grande partie de la peinture contemporaine suit en effet ce mouvement abstrait dont il fut non seulement l'initiateur mais le maître incontesté; son œuvre continue d'apporter des suggestions aux jeunes peintres : motifs stylistiques et schémas formels qui sont développés parfois dans une direction très différente de celle qu'il avait indiquée.
Ses œuvres de la première décennie du siècle, encore "figuratives", se distinguent néanmoins par une "vocation musicale". L'artiste, profitant de la manière du fauvisme et de l'expressionnisme allemand, bouleverse le chromatisme des teintes intenses, même froides e
t stridentes.

L'art abstrait

La position du Kasimir Malevitch, qui aborde vers 1915 une abstraction rigoureusement géométrique, est assez différente. Il prend part aux expériences du "cubo-futurisme", qui lui permettent d'effectuer un véritable démontage progressif de l'espace, puis se raille en 1913 aux théories littéraires de la Zaum', ou "trans-mentalité".
En 1915, au cours d'une exposition considérée aujourd'hui comme l'une des plus importantes de l'avant-garde historique, Malevitch expose un carré de couleur noire sur une surface blanche et, autour, une quantité d'autres tableaux constitués de formes géométriques aux couleurs pures et brillantes, disposées plus ou moins simplement. La peinture est seulement une construction de couleurs sur un espace à deux dimensions. Il est évidemment que le Carré noir sur fond blanc ne prétend pas démontrer l'habileté de son auteur : il s'agit de la matérialisation d'une idée, comme le premier mot de la nouvelle peinture, et aussi le mot "fin", sur l'imitation dans
l'art.

Piet Mondrian, naturaliste à la fin du XIXème siècle, puis proche des fauves au début du XXème siècle, découvre le cubisme en 1912. Dès lors, il ne connait plus de limites : il porte jusqu'à ses extrêmes conséquences la décomposition de l'image par plans et par fragments linéaires, et il oublie très vite que le but initial du cubisme était d'obtenir une représentation plus complexe de la réalité ; sa peinture devient, entre 1915 et 1920, de plus en plus cérébrale et épurée. Il affirme vouloir réaliser avec le néoplasticisme un art de "délations pures", c'est-à-dire, selon lui, une peinture qui n'exprime rien d'autre que ses rapports formels que le naturalisme à "voilés" depuis des siècles sous les objets.

Les Protagonistes

Vassili Kandinsky
Après avoir obtenu un diplôme de droit, il se consacre vers 30 ans à la peinture et se rend à Munich. Là, il entre en contact avec l'avant-garde européenne et fait fonction de médiateur entre celle-ci et le primitivisme russe. En 1912, il publie Du spirituel dans l'art, fonde le groupe Der Blaue Reiter et peint alors ses premières compositions abstraites. Lorsque la guerre éclate, il rentre en Russie et, après la révolution d'Octobre, prend une part active dans les projets artistiques de la nouvelle société. Il entre cependant vite en désaccord avec les principaux artisans du constructivisme et, en 1921, retourne en Allemagne, et enseigne à l'école du Bauhaus à la demande de Walter Gropius. En 1933, fuyant le nazisme, il s'installe à Paris où il restera jusqu'à sa mort.


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